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Lecture labiale

PROBLÉMATIQUE : certaines personnes malentendantes ont appris à lire sur les lèvres. Bien comprendre le processus de lecture labiale permet à l’animateur d’adapter son élocution : débit, articulation juste, durée des interventions.

ÉLÉMENTS DE CONTEXTE :

Un certain nombre des sons (phonèmes) sont assez repérables sur les lèvres, d’autres non :

  • Les voyelles donnent une forme particulière et bien repérable à la bouche (A, E, I, O, U).
  • Les consonnes combinent :
    • un certain mode d’émission du souffle (lui-même peu perceptible lors de la lecture labiale mais qui permet par exemple de distinguer
      • des consonnes occlusives / [p], [g] ou [d] et
      • des fricatives telles que[r] ou [s])
    • un point d’articulation
      • entre les lèvres / [b] ,
      • entre lèvre et dents [f] ou [v]
      • entre langue et palais / [t] ou ([g], etc. Ainsi, les phonèmes sont-ils plus ou moins identifiables au moyen de la lecture labiale : [ba] et [fa] sont plus lisibles que [ga] et [ra] tandis que [ta] et [da] sont de parfait sosies labiaux. Un certain nombre de phonèmes sont-ils quasi impossibles à distinguer au seul mouvement des lèvres [1]
  • Lecture labiale, suppléance mentale
    En résumé, beaucoup de sons ont des sosies : impossible par exemple de distinguer les énoncés :« si tu veux », « c’est tout faux » ou « c’est nouveau » [2]. Pourtant, avec l’habitude, certaines personnes arrivent au fil de la discussion à lever un grand nombre de ces ambiguïtés de lecture. On parle de lecture labiale, mais c’est en fait l’attention du lecteur qui est beaucoup plus large. L’auditeur tient compte des informations de contexte ou de situation qu’il mobilise mentalement pour faire des choix entre les possibles en fonction des situations et des contextes. Cette gymnastique mentale qui demande beaucoup d’effort et de concentration est dénommée suppléance mentale. Elle est d’autant plus efficace que les niveaux scolaire et culturel sont élevés et que l’auditeur est investi dans la recherche de la compréhension. Pour ce décryptage, les émotions transcrites sur le visage et même l’ensemble du non verbal corporel du locuteur sont déterminantes – il est souvent dit que 60% de notre communication passe par du non verbal [3].

En fait, la lecture labiale est un appui, au moins occasionnel, pour la plupart des participants : dès que les possibilités d’audition diminuent (éloignement, ambiance bruyante, conversations multiples, surdité naissante) toute personne utilise spontanément le support de la lecture labiale et de la mimo-gestuelle.

LES PRÉCONISATIONS :


  • Laisser aux personnes malentendantes un temps d’adaptation pour qu’elles s’habituent à lire sur vos lèvres. Chacun à une morphologie labiale et une façon de parler qui lui est propre : l’articulation fait l’objet d’ « aménagements » tout à fait individuel plus ou moins importants : 3 à 4 minutes de conversation lente sur des éléments simples du quotidien (les quelques paroles échangées au moment de l’accueil et de la prise de contact par exemple) permettront au participant de se caler sur l’articulation de l’animateur et très vite d’avoir le moyen de comprendre l’essentiel de ce qui est dit.
  • Procéder par séquences courtes. La lecture labiale implique une reconstitution de ce qui n’est pas lu directement. Elle suppose une gymnastique d’exploration des différentes pistes que proposent les sosies labiaux. Elle mise sur l’analyse simultanée des expressions, des gestes, de la situation ou du contexte, etc. et des informations contextuelles qui permettent de faire le choix entre plusieurs énoncés possibles (mécanisme de « suppléance mentale »). Cela suppose une grande concentration : le malentendant se fatiguera d’autant plus vite que son reste d’audition sera faible et/ou qu’il est peu entrainé à cette lecture.
  • Avoir les interlocuteurs malentendants bien en face de soi et à moins de deux mètres pour que la lecture soit possible.
  • Contrôler son articulation (mais sans excès) ainsi que son débit.
  • Favoriser la mimo-gestuelle : l’expression du visage, des mains, du corps mais avec naturel car les grimaces et l’emphase n’aideront pas les participants. Toute exagération est semble-t-il préjudiciable à la communication. Là encore, il s’agit d’attention et de disponibilité plutôt que d’accentuation stéréotypique.
  • Reformuler en simplifiantet en utilisant de nouveaux mots (rien ne sert d’élever la voix ou de répéter plusieurs fois avec les mêmes mots).

FICHES ASSOCIÉES

Notes

[1FICHE "Déficience auditive et signes" pour comprendre ce que la Langue Parlée Complétée (LPC) a mis en place pour permettre de les distinguer

[3On se rappellera les résultats des études menées par le professeur Albert Mehrabian qui ont établi larègle des 7 % - 38 % - 55 % : 7 % de la communication est verbale, 38 % de la communication est vocale et 55 % de la communication est visuelle (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication_non_verbale)