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Réalisation et utilisation de supports tactiles

PROBLEMATIQUE : Comment utiliser une lecture tactile (carte, maquette, moulage, modèles réduits, etc.) pour donner accès à des représentations mentales, des idées fortes, des concepts utiles à l’approche urbaine ? Sur quel mode proposer ces voies d’accès alternatives pour que le groupe puisse rester dans le partage du contenu ?

ÉLÉMENTS DE CONTEXTE

La lecture avec la pulpe des doigts suppose des supports en relief et/ou avec des différences de texture, des contrastes de structure, etc. La première difficulté réside dans la conception pertinente de ce qui va être utile la conduite de la balade et dans la qualité de la restitution ; la seconde réside dans l’appropriation par le public : "il ne suffit pas de mettre entre les mains d’un non-voyant un plan en relief ou une empreinte de plante pour que ça parle"nous dit l’association Percevoir par l’intermédiaire de Valérie Pasquet, fondatrice de l’association qui a participé à l’une de nos balades test (voir Retour d’expérience du GDIE).

L’appropriation nécessite du temps pour le partage des conventions utilisées, pour la compréhension des modes de lecture appropriés, pour construire le lien avec certaines qualités ou propriétés de l’espace urbain, pour l’intégration mentale utile à la balade et au partage avec les autres participants. Ces réalisations demandent de l’investissement : en temps, en créativité ou bien un investissement financier lorsque l’on s’adresse à un fournisseur. Pour qu’elles puissent être partagées, il faut songer à en multiplier les exemplaires (parfois à moindre coût lorsque des photocopies ou des réalisations simplifiées peuvent convenir à ceux qui peuvent voir).

PRÉCONISATIONS

Ces supports tactiles ne sont indispensables, ni évidents à intégrer dans la balade. Pour avoir une valeur ajoutée, ils doivent donner accès à quelque chose d’important : un élément clef, une perception artistique, une structure de compréhension du contenu, (etc.) et, du point de vue de la vie du groupe, doivent participer à la convergence.

  • La mise en œuvre : il faut que tout le groupe soit pris par la même exploration. Du fait que pour accéder à un même niveau d’information par ce biais, il faut beaucoup plus de temps aux participants malvoyants ; il faut dédier à cette activité un temps assez long et prévoir d’alimenter l’intérêt des autres participants pendant celui-ci.
  • Échappez au réflexe de vous adresser exclusivement aux participants malvoyants : être deux pour l’animation peut paraître plus satisfaisant ; celui qui guide l’appropriation tactile et celui qui maintient l’intérêt des autres participants. Là encore, il reste des modes d’animation à inventer pour que le groupe reste uni autour d’un même contenu avec des voies d’accès différentes par exemple, les participants voyants peuvent aussi être invités à guider l’appropriation tactile ou visuelle des malvoyants. Après avoir annoncé qu’une carte tactile serait dans un second temps remise aux personnes malvoyantes, une première explication de la carte a lieu pour tout le groupe avec une carte ordinaire, les malvoyants étant en possession d’un exemplaire personnel pour pouvoir le tenir à la bonne distance de leurs yeux. Cette explication faite de façon qu’elle constitue aussi une première approche pour les malvoyants, ce qui suppose d’en avoir travaillé le caractère audio-descriptif (sélection et hiérarchisation de l’information, vocabulaire imagé, termes percutants dont on s’assure éventuellement qu’ils sont connus de l’auditoire, etc.)

LES MATÉRIAUX

  • Les supports : le papier, le tissu, le contreplaqué ou la tôle métallique légère qui permet l’utilisation d’éléments magnétiques. Pour l’utilisation d’éléments magnétisés, une plaque du genre de celle qui constitue les tableaux de pêle-mêle pour photographies peut suffire. Il est possible d’utiliser aussi des supports que l’on recouvre de peinture magnétique (à acheter en magasins de Loisirs créatifs ou magasins de Bricolage). Ils peuvent permettre des constructions par étapes pour retracer des évolutions, des transformations ou mettre en place des éléments architecturaux et urbains par catégories (attention, les aimants préconisés par les fabricants de peinture ne sont pas des aimants ordinaires : bien se renseigner sur l’efficacité recherchée avant achat des fournitures).
  • Les surfaces et variation de textures : le tissu, la feutrine, la moquette, le carton, le plastic, les grattoirs ménagers, etc. La colle forte peut être recouverte de sable, de graines, de perles ou autres éléments permettant une différenciation par le grain des différents espaces d’une carte ou d’un plan par exemple.
  • Les tracés : les itinéraires, les délimitations, les cours d’eau, les voies de circulation et autres éléments de structuration de l’espace peuvent être rendu avec des allumettes ou pics à brochettes, du fil électrique ou de scoubidou, du scotch d’électricien, des cordons de laine ou de coton, du fil de fer permettent de jouer sur la texture, la dimension, la continuité ou la discontinuité, etc.
  • Les formes : toutes sortes de matériaux (mousse d’isolation, polystyrène expansé, pâtes durcissantes, pâte d’Arui, pâte à modeler, pâte Fimo, mastics, plâtre ou gesso acrylique) peuvent être utilisés sur toile, papier, carton, bois, pour restituer des formes, des reliefs, des constructions, des agencements.
  • Les textes et légendes : privilégier des caractères "ARIAL", taille de "16 à 20" selon possibilité, voire l’écriture braille
  • Il existe des bandes transparentes (9 ou 12 mm) sur lesquelles on peut obtenir la mise en relief des caractères avec une pince Dymo Braille (35 € environ ; voir sur le site Handicat.com).
  • La fixation provisoire : le magnétisme et les bandes « scratch »
  • La fixation définitive : la couture, les colles, le joint de silicone, les ciments

En parallèle de ce qui est tactile, jouer sur les couleurs et les contrastes pour que les malvoyants puissent utiliser leur reste de vision sans toucher. Les malvoyants se plaignent souvent de ce que les moulages, les cartes en relief et autres types de reproduction qui leur sont destinés sont "monochromes", ce qui leur empêche une appropriation visuelle dont ils sont capables en approchant suffisamment l’objet de leur yeux, ou en utilisant une loupe ou un monoculaire (à condition de laisser un temps d’appropriation suffisant).