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Audiodescription

PROBLÉMATIQUE : comment mettre à égalité de perception de nos contenus les personnes malvoyantes, les non-voyants et les autres participants lors de nos balades par le biais de l’audiodescription ?

ÉLÉMENTS DE CONTEXTE :

  • Éléments de définition : le terme audio-description est emprunté au cinéma au et théâtre (qui a aussi ses souffleurs d’images !). Il consiste, en utilisant les vides sonores disponibles, à décrire les éléments de scénographie et d’intrigue qui peuvent échapper aux spectateurs déficients visuels de façon qu’ils puissent profiter du film ou de la pièce en l’écoutant. Ce terme s’est généralisé peu à peu et concerne aussi les spectacles de danse, les expositions ou plus généralement les expressions artistiques faisant appel au visuel. Bien que nous ne soyons pas sur le terrain de la création artistique nous reprenons ce mot pour deux raisons :
    • même s’il y a l’idée d’oralité lorsqu’on parle de description, le mot audiodescription est consacré par l’usage dans son sens de description qui doit parler à des gens qui en voient pas ou qui voient mal.
    • il n’y a guère d’autre voie sinon le terme audiovision, moins redondant et qui dit mieux l’ambition de produire des images avec des mots ; terme que l’AVH a déposé comme nom de marque pour son activité d’audiodescription de films et autres spectacles. La difficulté réside dans le fait que les déficiences visuelles sont très variables d’un individu à l’autre [1] et que les aides et supports qui vont convenir aux uns (documents grossis et contrastés ou monoculaire grossissant par exemple) ne seront d’aucun secours pour les autres. La pratique la plus universelle, plus encore peut-être que celle du toucher, est de dépeindre avec des mots et au delà, des parallèles, des métaphores, des métonymies (principe de la partie qui « parle » pour le tout), les contenus sur lesquels vous avez prévu d’attirer l’attention.

PRÉCONISATIONS :

  • Éviter toute description « spéciale malvoyants ». L’audio-description sera faite pour l’ensemble des participants et même si elle aura été poussée très avant à l’intention des malvoyants, elle reste destinée à tout le groupe : richesse du vocabulaire, justesse des comparaisons, pertinence des métonymies.
  • N’espérez pas captiver un malvoyant avec une description qui ne captiverait pas un voyant ! Cette conception de l’audio-description et de l’accessibilité nous préserve d’un défaut régulièrement pointé par les personnes en situation de handicap qui est celui de « bêtification » en quoi se résume bien des tentatives d’adaptation partant d’un principe, quasi inconscient peut-être, que le handicap réduit les capacités de compréhension des individus.
  • La clef de l’audiodescription n’est pas dans un discours savant mais dans une démarche de construction d’une image mentale, d’une structure intellectuelle, d’un schéma d’explication, qui va ouvrir les mêmes portes dans toutes les têtes.
  • Hiérarchiser l’information : il y a une façon de décrire ce que nous voulons partager qui facilite la représentation ; une sorte d’économie de la description qui fait que l’ordre dans lequel sont dites les choses en accélère la compréhension. Le principe est d’arriver à décrire comme on le ferait finalement pour des auditeurs de radio ou pour quelqu’un qu’on aurait au téléphone : simplifier, styliser, articuler, imager.
  • Quelques principes techniques :
    • Donner des informations d’orientation (Nord, si l’on est en extérieur, centre/périphérie lorsque cela a un sens dans la description urbaine, entrée/sortie, axes d’un édifice, étages si l’on est dans une construction, etc.)
    • Lorsque les lignes directrices sont posées, il peut y avoir un côté pratique à décrire selon la progression : premier plan, deuxième plan,..., arrière plan pour un paysage, un vitrail, une scène de rue par exemple.
    • Lorsqu’il n’y a pas de hiérarchisation possible, la solution sera plutôt une lecture un peu à la façon dont on lit un texte : de haut en bas et de gauche à droite pour que l’esprit recompose le tableau ; l’essentiel est d’annoncer la grille de lecture utilisée pour que la reconstitution mentale soit possible.
    • Lexique précis, riche au service de la narration de la ville, de ses paysages, de ses constituants, de ses ambiances. ; riche, mais pas nécessairement savant ; ou alors lorsque c’est utile ou savoureux.
    • Comprendre et travailler les ressorts du plaisir de la description : il y a des choses à comprendre du plaisir de l’auditif et de l’ efficacité des descriptions lorsqu’on écoute des diffusions radiophoniques des matchs de foot, des courses automobiles ou de chevaux, ou encore des pièces de théâtre. La parole est en mesure de tout restituer et il faut la travailler en tenant compte de la déficience visuelle bien sûr mais en la destinant à tout notre auditoire.
    • Le critère de réussite : la description est satisfaisante lorsqu’elle captive malvoyants et voyants en leur révélant ce que leur œil n’a pas nécessairement perçu spontanément : des ordonnancements particuliers, des régularités, des détails qui font sens ou sont des échos d’autres réalités qui viennent interférer.
  • Animation des balades : nous l’avons souvent entendu lors de nos balades : « Vous, voyants, vous ne savez pas voir ! » ; « Vous regardez mais ne voyez pas ! ». Ce dont certains voyants nous ont donné confirmation en nous disant : «  je n’ai jamais aussi bien vu que lorsque j’ai regardé pour décrire à quelqu’un qui ne voyait pas  ». Il y a là un ressort qui peut être utile à l’animation des balades : demander la description aux participants voyants et au fil des participations, dégager ensemble de qui fait sens dans le paysage, l’édifice ou l’ambiance approchés, ce qui pose question, ce qui fait l’unanimité ou produit de la divergence et arriver collectivement à une grille de lecture partagée qui pourra être enrichie des savoirs et avis de chacun. Au cours de cette description, les questions des malvoyants pourront ouvrir bien des pistes de compréhension, d’étonnement. Ce jeu de questions/réponses peut s’avérer extrêmement ludique et vecteur de compréhension profonde de la ville à la condition qu’il soit piloté et maîtrisé par l’animateur.
  • Tester vos descriptions ! : enfin, nous ne saurons trop recommander de tester les descriptions comme toute chose dans la balade, et si besoin les reformuler et reformuler encore (ou réorganisées) pour devenir parfaitement agréables et universelles.