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Articulation de différentes temporalités des participants

PROBLEMATIQUE : Faire en sorte que tous les participants restent dans le même rythme de balade et au même niveau d’intérêt alors même que chaque handicap introduit son propre rythme (de marche, d’appropriation des documents, d’imprégnation d’un lieu, etc.).

ELEMENTS DE CONTEXTE

En présence de personnes handicapées, les objectifs de la balade seront plus longs à remplir : le trajet, le partage des contenus, l’accès de tous à certaines réalités urbaines (structuration de l’espace, décors, styles, transformations de la ville, manifestation de la nature, etc.). Cette dilatation du temps à l’intérieur de la balade est l’un des principaux phénomènes à prendre en compte pour concevoir une balade adaptée à tous.

Les temporalités propres à chaque déficience se superposent au fil de la balade et l’objectif de maintenir le groupe dans un même tempo est d’autant plus compliqué que le groupe accueille des handicaps différents.

Un groupe accueillant est un groupe qui se montre capable d’absorber les décalages qu’introduisent les déficiences ; cette capacité résulte de la vigilance et des adaptations permanentes de l’animateur (renvoyer au CR Régis sur cette question).

LES PRATIQUES PRECONISEES

• Prévoir un temps de mise en route du groupe plus long qu’à l’ordinaire : il faut se donner rendez-vous 15 à 20 mn avant le moment du départ : accueil, pointage, attente de retardataires, constitution des tandems d’accompagnement, etc.

• « Fabriquer » de la souplesse pour adapter la conduite du groupe. Les sources de cette souplesse sont à aménager dès la conception de la balade. Sur tout le trajet et concernant l’ensemble des contenus, il faut avoir « de la réserve » : pouvoir gérer l’imprévu ; avoir les ressources pour mettre à profit les décalages (des sujets d’observation, des expériences sensorielles, des contenus de substitution, etc.)

Prendre le temps  : d’installer les cadres de l’intervention, de hiérarchiser les informations, d’utiliser la parole pour dégager le temps nécessaire à certains : décrire plus complètement, articuler et ralentir la diction (pour le plus grand plaisir de tous), recourir à des modes d’animation qui égalisent les temporalités, effacent les écarts.

• Exploiter les effets du ralentissement en proposant à tous des sujets d’observation sur le trajet qui pourront par exemple nourrir des échanges lors des pauses

• Recourir au grossissement (il oblige à ralentir…) en regardant la ville de plus près (ses matériaux, le vie végétale par ex.) : on peut les toucher, constituer une base documentaire avec des photos que l’on partagera ensuite, en retracer l’histoire, les comparer, etc. autant d’approches qui permettront de coordonner les temps de chacun sans que personne ne s’ennuie ou décroche

• Utiliser cette « dilatation » du temps intérieur de la balade pour proposer d’autres modes de perception de la ville où l’on est davantage dans le ressenti, l’écoute (qu’elle soit musculaire, olfactive ou auditive) : des modes d’appropriation sensorielle de la réalité urbaine environnante tout en restant sur des modalités partageables dans le groupe.

De là la difficulté de rendre accessible une balade lambda : en effet, cette contrainte d’harmonisation des rythmes de chacun agit sur toutes les dimensions de la balade :
• le parcours : il faut non seulement en vérifier l’accessibilité sur toute la longueur mais aussi limiter les portions qui peuvent poser des difficultés aux personnes à mobilité réduite

• les contenus : la médiation des contenus suppose quasi systématiquement un allongement du temps d’appropriation (voir Fiche_documents en relief). Il faut donc que l’animateur continu en parallèle d’enrichir son propos à destination de tous mais de façon à laisser du temps pour l’appropriation ou la réalisation en regard de certaines difficultés (déficience visuelle, difficulté de motricité,…). (proposer des observations dont les résultats seront partagées ensuite,…) niveler les décalages en ayant un discours à plusieurs niveaux

Pour maintenir des contenus partagés dans le groupe, chaque déficience suppose des compensations spécifiques dont la mise en œuvre augmente le temps passé sur un même sujet. Si l’on ajoute à cela des temps de déplacement eux-mêmes allongés, c’est tout le rythme de la balade qui est à revoir et à piloter différemment.